Les débuts de ma carrière artistique en Espagne ont coïncidé avec l’explosion des années 80, la période la plus créative de Madrid, le temps de la movida espagnole, moment où une floraison de projets prirent forme dans tous les champs artistiques, avec l’apparition des revues culturelles, le succès de groupes musicaux et des cinéastes, comme Almodovar, des peintres comme Barceló, Pérez Villalta, etc. .
J’ai commencé donc ma carrière de peintre et de graveur, imprégnée de cette agréable atmosphère qui avait explosé en réaction à 40 ans de dictature pudibonde et répressive.
A cette époque je m’étais spécialisée en gravure à la Faculté des Beaux Arts de Madrid, mais j’ai toujours peint des tableaux et fait de la gravure, parallèlement, sans valoriser différemment ces activités qui sont tout simplement simultanées. Parfois ce que je fais dans la peinture passe dans ce que je fais dans la gravure.
Ce qui m’intéresse dans la gravure ce n’est pas la multiplication du tirage, mais plutôt le caractère qui prend les lignes grattées dans un matériaux qui résiste comme le métal, et l’idée.
J’ai toujours fait de petits tirages que j’ai imprimé moi même.
Je ne choisi pas les couleurs en fonction du motif. Tout au début je m’en suis tenue aux couleurs habituelles de la gravure, le plus souvent le noir, parfois le brun.
Récemment je procède différemment : la couleur prend une place importante. Mais dans tous les cas la couleur ne sert pas à souligner le caractère d’objet, la figuration, mais constitue une valeur tout à fait autonome.
Par la suite, le travail que j’ai fourni au Musée de l’Imprimerie de Lyon consistait à montrer au tout public les techniques d’impression par le biais de plaques des maîtres. Cela m’a été très agréable par l’enthousiasme que montraient les gens d’avoir compris l’origine de toutes ces estampes accrochées sur les murs du Musée.
Du point de vue créatif, je suis imprégnée par une démarche positive : il n’y a rien d’inutile. Tout peut être dynamisé avec l’aide de la recherche et de l’imagination.
J’aime me promener dans la vie quotidienne et chercher l’enrichissement de mon langage plastique dans les données du social.
L’idée maîtresse de mon oeuvre après ma formation aux beaux-arts était l’Homme. Celui-ci devient la forme, la matière et le champ d’études de mon expression artistique.
Dans mes relations humaines, tellement importantes pour mon travail, je suis disposé à dépasser mes propres limites pour ouvrir le dialogue avec autrui. Tout peut alors devenir matière et objet de mon travail.
Après l’Homme, j’initie une série sur les animaux : lièvres, abeilles, chevaux, tatous et autres tiennent une place essentielle dans mes gravures et mes peintures.
Dans ce moment, les animaux ne cessent pas de revenir dans ma peinture d’une façon très naturelle. Dans la dernière série d’animaux que j’ai réalisé c’est toujours des formes qui sont très proches, des glissements des formes : le tatou, la torture, la méduse…